SEVEN ROSES
Huayna Potosi 6088 m
L’équipe
Pourquoi EOS ?
Initié par deux ingénieurs ENSMA puis adopté par un guide arctique et ami, il nous a paru évident de participer à ce projet humanitaire. Nous nous sommes tout d’abord questionnés sur le lien entre l’alpinisme, l’écologie et l’humanitaire car ces trois axes semblent décorrelés. Cependant cela rend le projet très original car il défend à la fois les valeurs du respect de l’environnement et de l’entraide mais apporte également une très grande importance à l’éducation. Cela est également pour nous une opportunité de participer à un projet avec des jeunes colombiens et le simple fait de savoir que l’on va pouvoir échanger avec eux, partager nos connaissances dans le domaine aéronautique mais également apprendre à les connaître, faire de nouvelles rencontres, sont des motivations suffisantes pour nous lancer dans ce projet.
Un projet alpin et écologique
Rien de plus simple ! Il suffit de gravir la montagne la plus haute de chaque continent sans assistance. C’est-à-dire en style alpin. Donc on oublie les porteurs et les bouteilles d’oxygènes et on les remplace par une bonne dose de courage, un mental d’acier et une bonne paire de cuisses…
Ce projet alpin est issu du Seven Summits, défi qui consiste à gravir la plus haute montagne de chaque continent. Après avoir entendu parler de ce défi, Camilo, étant passionné d’alpinisme, a commencé à y réfléchir à y participer. Pour être clair il n’a pas vraiment réfléchi et a immédiatement décidé qu’un jour il gravirait lui aussi la montagne la plus haute de chaque continent. Cependant, parti d’un pur désir de se challenger en montagne et de découvrir de nouveaux paysages, il a souhaité faire de ce défi un projet lui permettant de partager ses connaissances de la montagne. Celles-ci étant une vitrine du réchauffement climatique, on déplore en effet une érosion accélérée de nombreux sommets par fragilisation du permafrost (ou pergélisol, ce terme désigne la partie du sol gelé en permanence), il est important de marquer les esprits sur ce point et c’est donc en cela que constitue la partie écologique du projet. En parlant de ce projet à Thomas, qui a tout de suite accroché, ils ont créé l’association EOS qui permet de concrétiser le projet mais également d’obtenir des subventions par la suite.
Mais au fait Thomas, pourquoi as-tu décidé de soutenir Camilo dans ce projet ?
Camilo est bien plus qu’un ami pour moi. Nous avons partagé énormément de choses ensemble, des moments difficiles comme des moments de joie intense. Nous ne sommes pas liés uniquement par des moments partagés, nous sommes liés par des expériences communes. Des expériences au cours desquelles nous avons appris à nous connaître dans nos moments de doute, de fatigue mais aussi de fierté et de bonheur très forts. Soutenir Camilo dans ses projets a donc été naturel pour moi. Lorsque Camilo m’a parlé de son projet de gravir la plus haute montagne de chaque continent, j’ai tout de suite voulu le soutenir. Un jour j’ai dit à Camilo que s’il avait besoin, je serai là et qu’il pouvait compter sur moi. Il m’a alors demandé de me joindre au projet. C’est donc tout naturellement que je l’ai rejoint. Maintenant, au-delà d’être le projet de Camilo, c’est devenu mon projet. Alors j’ai à coeur de le concrétiser et de tout faire pour qu’il aboutisse.
Thomas Le Livec
Mais avec qui réaliser ce projet ?
Originaire de Colombie et ayant connu une situation difficile, Camilo a souhaité montrer aux enfants défavorisés qu’il est possible de sortir de leur situation en travaillant. Ayant été diplômé de l’ISAE-ENSMA avec Thomas, demander aux étudiants du Club Sans Frontières de participer au projet semblait naturel, et d’ailleurs nous avons immédiatement accepté. Camilo et Thomas agissent également auprès des enfants afin de leur transmettre des valeurs de dépassement de soi, du respect de la nature et de les sensibiliser au développement durable.
Le projet humanitaire
Le Club Sans frontières s’occupe exclusivement de construire un cours autour de l’aéronautique pour des enfants âgés entre 10 et 11 ans pour cette première année. Le cours sera divisé en deux parties, une première partie sera orientée autour du programme de physique et l’autre partie autour du programme de mathématiques.
Chaque partie sera constituée de 6 chapitres de 1h autour des grandes notions de l’aéronautique telles que la météorologie, les commandes de vol, les différents types de motorisation, l’électricité, la navigation et bien d’autres… Afin d’illustrer ce cours sur l’aéronautique nous allons également construire une maquette d’avion en matériaux recyclés, la Colombie ayant une très mauvaise gestion des déchets. Les enfants pourront par la suite fabriquer leur propre maquette à l’aide de plan que nous leur fournirons expliquant les différentes étapes à mener pour la réaliser.
Pour cette partie du projet 11 étudiants en première et deuxième année de l’ISAE-ENSMA travaillent ensemble afin de construire des cours adaptés aux connaissances des enfants colombiens. Le système éducatif n’étant pas aussi développé en Colombie qu’en France il est rare que les jeunes poursuivent leurs études après le cycle obligatoire entre 5 et 15ans. Nous espérons donc leur donner goût aux études en établissant des liens directs entre leurs cours de maths et de physique et notre programme. Plus particulièrement nous souhaitons leur faire découvrir le monde l’aéronautique car de par notre formation c’est un univers qui nous passionne et nous souhaitons partager cette passion avec eux. L’aéronautique présente de nombreux secteurs de métiers et n’est pas seulement limité au pilotage des avions comme on peut le penser lorsque l’on ne connaît pas ce milieu. Ainsi si nous parvenons à motiver certains enfants à continuer leurs études, que ce soit pour travailler dans le domaine de l’aéronautique ou non cela serait pour nous une grande réussite.
Mais qui se cache derrière cette équipe ?
Ce projet me plaisait pour deux aspects. Pour Son partage de connaissances, une envie de faire découvrir le monde aéronautique aux plus jeunes. Et pour son côté international, liant le Poitou à la Colombie, un monde inconnu pour nous. J’ai géré une équipe de joyeux luron, qui ne rechignait pas à la tâche, se donnait et était toujours plus créatif. On avait les mêmes objectifs, c’est un plaisir de travailler avec eux ! Je déteste l’électricité, mais dès que l’on met de l’aéronautique dedans j’ai compris qu’il fallait électriser les neurones Je voulais me rendre utile et avec ce projet je pouvais allier mon envie de faire de l’espagnol avec de l’aéronautique. Mais surtout partager tout cela.
Florent Auzoux — étudiant en deuxième année à l’ISAE-ENSMA et responsable du cours de
physique
C’est un privilège de pouvoir rédiger un cours aéronautique pour le CSF dans le cadre d’un projet ingénieur sans frontière. Je considère que partager sa passion avec les autres est aussi important et intriguant que de la vivre.
Guillaume Pelaud — étudiant en deuxième année à l’ISAE-ENSMA et responsable du cours de mathématiques
Salut ! Moi c’est Laureline. J’ai décidé de participer à ce projet afin de partager ma passion pour l’aéronautique à des jeunes colombiens, qui ignorent l’étendue de ce domaine. Aider des jeunes en leur faisant découvrir ce nouveau monde, dans lequel ils pourront évoluer, en leur montrant une autre façon d’apprendre, est important pour moi. En effet, ils pourront découvrir des domaines de la physique et s’exercer en mathématiques en utilisant le domaine de l’aéronautique, en sortant des méthodes classiques d’apprentissage. Je souhaite leur donner des envies d’ailleurs, leur montrer qu’il est toujours possible de réussir et de suivre ses propres rêves.
Laureline Loire — étudiante en première année à l’ISAE-ENSMA
Dans ce projet c’est la possibilité d’aider des jeunes venus d’horizons complètement différents du mien qui m’a le plus motivée, j’ai adoré écrire des petits cours (même si prise de tête parfois) en rapport avec l’aéronautique, pour leur faire découvrir de nouvelles choses qui paraissaient peut être inaccessibles, leur donner de l’envie et de l’espoir, et leur dire qu’il faut toujours croire en ce qui les passionne.
Lise Lacourt — étudiante en première année à l’ISAE-ENSMA
J’ai découvert une passion en passant mon bia et j’avais envie de transmettre cette passion et faire découvrir aux enfants autre chose que ce qu’ils voient tous les jours et peut-être leur faire naître des passions et des vocations. J’ai fait ces cours en espérant leur apprendre des choses intéressantes et les faire rêver.
Lisa Estival — étudiante en première année à l’ISAE-ENSMA
Au début je pensais que le projet était d’aller faire de l’alpinisme et heureusement je me suis trompé ! Quand j’ai compris (parce que ça ne va pas très vite là-haut) qu’on allait faire des cours pour des Colombiens, j’ai foncé !
Benjamin Graille — étudiant en première année à l’ISAE-ENSMA
Je suis un peu arrivé dans ce projet par hasard en suivant Benjamin puis l’histoire de Camilo m’a vraiment inspiré ce qui m’a donné envie de donner de l’espoir à ces jeunes colombiens pour leur montrer qu’il y a un chemin pour s’en sortir.
Kévin Gloaguen — étudiant en première année à l’ISAE-ENSMA
Salut moi c’est Louise. J’ai assisté à la première réunion pour le projet EOS par curiosité. Lorsque j’ai compris de quoi il en découlait, j’ai immédiatement adhéré au projet. J’ai essayé de transmettre les notions de mathématiques du collège à travers les différents exercices et rappels mathématiques que j’ai pu proposer au projet! Ce sont ces notions qui m’ont initiée au monde de la science et m’ont apprise à l’aimer. Alors j’espère réussir à faire aimer ce monde aux enfants Colombiens !
Louise Grau — étudiante en première année à l’ISAE-ENSMA
Quelle suite au projet ?
Bien que ce projet ne fasse que commencer nous savons déjà que nous n’allons pas nous arrêter une fois les ascensions finies.
D’un point de vue humanitaire les cours sur l’aéronautique peuvent être enseignés dans d’autres pays. D’ailleurs, afin d’avoir un retour plus rapide de la qualité des cours construits nous allons les présenter à des enfants français. Cela nous permettra de pouvoir adapter le contenu des cours si celui-ci est jugé trop difficile ou inversement. De plus cela permettra également d’éveiller des passions pour l’aéronautique chez certains jeunes.
Pour l’année prochaine plusieurs options sont envisageables. En effet il est possible « d’ élargir le plan d’action humanitaire en n’aidant pas uniquement les enfants en Colombie mais également en France et pourquoi pas contribuer à l’élaboration d’un nouveau type d’éducation à travers le sport et la notion de dépassement de soi » selon Thomas et également d’élargir « le domaine d’action du CSF avec Colombianitos. On parlait à un moment de puits d’eau éoliens : il existe des zones arides en Colombie qui ont besoin d’intervention et les fonds du gouvernement ne sont pas suffisants pour répondre à leurs besoins. Pourquoi pas faire intervenir les enfants dans ce projet, les guider pour construire ces puits où d’autres projets similaires. ».
Rien n’est encore fixé mais vous l’aurez compris, nous ne manquons pas d’idées !
Pour en savoir plus…
Quel est le rapport entre l’alpinisme et le projet humanitaire avec l’ENSMA ?
Cette question est très pertinente et revient souvent lorsque l’on présente le projet pour la première fois à quelqu’un . Mais je dois avouer qu’on se la pose encore nous-même de temps à autre. Qui de mieux pour répondre à cette question que l’alpiniste du projet ?
Selon Camilo, « à travers l’alpinisme on transmet une vision, un vécu et des motivations qu’on ne rencontre pas tous les jours, pas dans le confort de nos appartements. L’alpinisme transmet des valeurs d’humilité et de détermination qui sont absolument nécessaires lorsqu’on veut mener un
projet humanitaire ».
EOS est donc bien plus qu’un simple projet humanitaire, on ne souhaite pas imposer notre projet aux autres, au contraire, on souhaite que ce projet soit adopté par ceux qui le suivent et qu’il devienne le leur. Thomas ajoute que l’on souhaite « véhiculer des valeurs qui nous sont chères telles que le dépassement de soi, l’ambition ou encore le respect de la nature. Aussi, Camilo étant d’origine colombienne, il voulait montrer aux enfants défavorisés de son pays natal qu’il est tout à fait possible d’envisager un quotidien plus rose que ce qu’ils connaissent aujourd’hui. C’est ce cumul de volontés qui a donné l’idée de créer des cours pour enfants en Colombie afin de pouvoir leur transmettre nos valeurs et aussi de donner une dimension plus grande au projet. ».
Ainsi même si nous nous occupons de construire le cours sur l’aéronautique et que nous nous concentrons sur l’ascension des sommets les plus hauts du monde, ce projet peut s’appliquer à d’autres domaines qui nécessitent un dépassement de soi ou d’autres actions qui véhiculent les mêmes valeurs que l’on souhaite transmettre.
Camilo, appréhendes-tu l’ascension de l’Everest, symbole de l’impossible mais image des plus belles prouesses, sans emporter d’oxygène ?
Oui et non… Il me fait peur, énormément, pas que lui, le Denali me fait peur, le Vinson aussi, même l’Elbrouz m’avait empêché de dormir deux ou trois fois. De plus on parle de faire une ascension en style alpin sans oxygène, je m’enlève toute sources de confort et de réconfort, je ne peux que douter mon mental. Mais j’ai l’habitude d’avoir peur et cela n’est pas une raison pour s’arrêter.
Je m’entraîne et je me prépare constamment pour tous ces sommets. En général je n’envisage un sommet qu’avec la certitude dans mon coeur que je peux réussir, cela n’efface pas la peur mais efface le doute : partir avec le doute de renoncer c’est déjà avoir renoncé, mais aussi partir avec la résolution de ne pas renoncer c’est survivre. L’Everest je ne compte pas le faire en deux semaines, je ne compte pas faire une escapade au sommet et rentrer me coucher joyeux dans mon lit. Le sommet de l’Everest comme pour l’Elbrouz (et encore plus que l’Elbrouz) est l’achèvement d’un bien plus long voyage, d’une bien plus longue préparation et j’espère qu’au bout du voyage et de ma préparation je me dresserai au pied de l’Everest certain de réussir et résolu à en redescendre à tout prix.
Donc est-ce que j’appréhende l’ascension de l’Everest ? Oui, j’appréhende n’importe quelle ascension, même celle du Grand Paradis que j’ai fait tant de fois.
Camilo David Sanchez
Un séjour en Colombie est-il envisagé ?
Oui bien-sûr, d’ailleurs nous l’attendons avec impatience afin de rencontrer les enfants avec qui l’on travaille et partager directement nos connaissances et notre goût pour l’aéronautique. Cela sera également l’occasion de découvrir leur culture et leur mode de vie. La date n’est cependant pas fixée mais il n’aura pas lieu cette année. En effet cela semble trop prématuré dans le projet, nous souhaitons prendre le temps de finir la construction des cours dédiés aux enfants. Cela demande beaucoup de temps car il faut réussir à vulgariser des notions compliquées pour des enfants. Des notions parfois simples comme la pression ne sont en fait pas évidentes à expliquer « simplement». Ensuite notre objectif étant de faire construire une maquette d’avion à chaque enfant nous devons réaliser une première maquette avec des plans très simples. Une première maquette en carton a été réalisée à l’aide d’un patron et celle-ci est très prometteuse pour la suite.
De plus, selon Thomas, il est « important pour les enfants en Colombie de nous rencontrer et qu’on puisse leur transmettre, au-delà des cours, notre motivation, notre vécu et que nous fassions émerger des rêves. C’est important pour les étudiants parce qu’ils travaillent dur pour que ce projet se réalise et qu’il est normal qu’ils voient le produit de leur travaille. Enfin, c’est essentiel pour nous, en tant que porteurs du projet parce que nous avons à coeur de transmettre nos expériences et notre vécu. Notre projet ne fait de sens que par les émotions que cela crée, et le voyage en Colombie sera un vecteur d’émotion fort pour tout le monde dans ce projet. ».
Camilo, pourquoi emmènes-tu une rose en haut des sommets ?
La première fois que j’ai fait un raid en montagne, avec Loup, j’ai voulu amener cette rose avec moi. Je commençais à me rendre compte à quel point cela pesait sur ma mère : le fait que je me mette en danger dans les glaciers, sur les arêtes, pendu sur une paroi. Cela était pour moi une façon de partager ma passion avec elle et lui faire savoir que je suis conscient de ce que cela représente pour elle, que ma passion a un côté égoïste mais que ce n’est pas pour autant que je l’oubli. C’est peut-être même quelque part une promesse de redescendre quelque part.
Ce symbole m’est semblé approprié pour le Projet EOS. L’idée d’amener avec soi les gens qu’on aime, l’idée qu’on n’est jamais seul et qu’on se doit de répondre à ceux qu’on aime, que monter le sommet est un souhait mais d’en descendre est un devoir. L’idée qu’à ce point grimper n’est pas un acte purement personnel mais désormais commun. Avec cette Rose je veux porter sur les plus hauts sommets l’amour de ma mère, les efforts de ceux qui travaillent avec moi au projet EOS, les rêves des enfants en Colombie qui vont nous suivre, mes liens avec toutes ces gens qui de prêt ou de loin commencent à croire en moi et donc la promesse de toujours rentrer et finir ce projet. C’est la volonté de grimper pour quelqu’un d’autre et non plus juste pour soi-même. C’est assumer que certaines choses on les faits pour notre égo mais qu’on peut transformer ce même égo en une aide pour d’autres, en opportunités en rêves qui s’éveillent.
Camilo David Sanchez
C’est enfin la volonté de garder quelque chose d’aussi fragile que nos liens, nos espoirs, nos rêves toujours vivants. Quoi de mieux pour symboliser nos petits, infimes efforts de tous les jours face au monde qu’une petite, fragile rose qui atteint les plus hauts sommets du monde.