Même si Ecosia ne fait aujourd’hui pas le poids face au géant du marché, Google, il a aujourd’hui une place importante dans le monde des moteurs de recherches. Il tire sa force de ses nombreux projets environnementaux et sociaux. Mais en contrepartie d’un point de vue environnemental et plus particulièrement de celui des émissions carbone, Ecosia a en réalité un bilan mitigé.
Concrètement c’est quoi Ecosia ? C’est un moteur de recherche (au même titre que Google, Bing, Yahoo) lancé en Décembre 2009 en Allemagne par Christian Kroll. Il s’engage à reverser dans un programme de reforestation mondial une grande partie de ses bénéfices, environ 80%, lesquels proviennent de publicités et d’annonces mises en avant. Ecosia estime qu’un arbre est planté en moyenne toutes les 45 recherches. [1]
1 arbre pour 45 recherches : que cache ce chiffre ?
Ecosia ne gagne de l’argent que lorsqu’un utilisateur clique sur un lien sponsorisé. Cela signifie que si vous ne cliquez pas sur ce lien mis en avant par le moteur de recherche, vous ne participez pas réellement à la plantation d’arbres. En réalité, le nombre d’arbres plantés mis en avant par Ecosia, est calculé à partir de ses statistiques générales et correspond à une moyenne globale sur tous les utilisateurs, et non aux conséquences du clic d’un individu en particulier, vous potentiellement. [1]
Pourquoi planter des arbres ?
Selon ses rapports, Ecosia ne cherche pas simplement à planter des arbres pour le geste en réponse à une demande sociétale. En effet, il y a un vrai projet derrière, avec le but de ne pas créer une monoculture, mais bien de recréer des forêts dans des régions devenues arides et désertiques dans le monde. Planter des arbres dans ces régions de manière intelligente signifie implanter les bonnes espèces d’arbres au bon endroit, afin de permettre de relancer la biodiversité, d’éviter l’érosion des sols, de fertiliser les terres, de protéger les cultures et d’avoir bien d’autres effets positifs pour la faune, la flore et les populations vivant dans ces régions. [2]
Ecosia vise les régions les plus mises en danger par le réchauffement climatique. Il s’agit par exemple de Madagascar, où une grande partie de la faune et de la flore est en train de disparaître, tandis que la population s’appauvrit. Ecosia essaye de contribuer à favoriser à nouveau la biodiversité en plantant des arbres tout en créant des emplois pour les habitants. Pour consulter leurs autres projets que celui de Madagascar, vous pouvez vous rendre sur leur blog dédié à ce sujet : https://fr.blog.ecosia.org/tag/projets/. [3]
Mais alors pourquoi tout le monde n’utilise pas Ecosia ?
Ecosia se révèle être un moteur de recherche fonctionnant en partenariat avec Bing (Microsoft), ce qui pose deux problèmes :
– Le premier est d’un point de vue du confort. Bien que Bing se soit beaucoup rapproché de Google au niveau des résultats de ses requêtes pour des domaines assez simples, Google garde encore une longueur d’avance lorsqu’il s’agit de domaines plus pointus et plus complexes (par exemple l’informatique).
– Le deuxième point nous intéresse plus car il concerne l’environnement et plus particulièrement l’émission d’un gaz à effet de serre, le CO2, fortement lié à l’utilisation d’énergies fossiles. Google de son côté affirme utiliser 100% d’énergies renouvelables pour alimenter ses serveurs utilisés pour gérer les requêtes de chaque recherche internet. [4] Or, pour sa part, Bing annonce n’utiliser qu’environ 50% d’énergies renouvelables pour alimenter ses serveurs et prévoit de passer à 75% d’ici 2030. [5] Si on part du principe que les énergies renouvelables ne polluent pas, on peut en conclure qu’une recherche sur Bing polluera plus qu’une recherche sur Google. [6] Et malheureusement les serveurs consomment beaucoup : on estime que si internet était un pays, il serait le 3ème plus gros consommateur d’électricité dans le monde derrière la Chine et les Etats-Unis !
Google est donc meilleur pour l’environnement que Ecosia ?
Pas forcément. En effet Ecosia a construit en 2017 sa propre centrale photovoltaïque en Allemagne, qui permet de neutraliser les rejets en CO2 (si on part encore une fois du principe que les énergies renouvelables ne polluent pas) venant des serveurs de Bing concernant les recherches d’Ecosia (et non ceux de l’ensemble de Bing). [7]
Le problème est que la centrale photovoltaïque ne sert pas à directement alimenter les serveurs de Bing mais à alimenter les locaux et à compenser le bilan carbone d’Ecosia. C’est-à-dire qu’Ecosia va réinvestir dans le réseau électrique une quantité d’électricité verte équivalente à celle qui a été consommée pour alimenter les serveurs.
Google s’avère adopter la même démarche mais pour une autre raison. Être 100% dépendant d’énergies renouvelables vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept est impossible de nos jours, le stockage de l’électricité n’étant pas possible à large échelle. Si Google était réellement 100% dépendant d’énergies renouvelables, les serveurs Google connaîtraient des interruptions dès que la production cesserait (par exemple la nuit pour les panneaux photovoltaïques ou en l’absence de vent pour les éoliennes). Or les serveurs Google ont besoin de fonctionner sans interruption, ce qui signifie qu’ils utilisent des énergies non renouvelables lorsque les énergies renouvelables ne sont pas disponibles. Pour se vanter d’utiliser 100% d’énergies renouvelables, Google fait donc la même chose qu’Ecosia en réinvestissant dans le réseau électrique une part d’électricité verte équivalente à ce qui a été consommé lors d’un arrêt de production d’énergies renouvelables. [8]
A cette neutralité du bilan carbone d’Ecosia, vient s’ajouter l’effet des arbres plantés qui emprisonnent du CO2 tout au long de leur vie et qui participent à réduire l’effet de serre sur Terre. Selon ses chiffres, Ecosia déclare capturer 1 kg de CO2 par recherche (environ 45 recherches sur Ecosia servent à planter un arbre et 1 arbre séquestre au minimum 50Kg de CO2). [9]
Néanmoins, planter des arbres n’est pas la solution miracle car ces derniers ne font pas disparaître le CO2 absorbé, mais le stockent transitoirement. A la mort de l’arbre, ce dernier va donc libérer le CO2 qu’il a accumulé au long de sa vie. On peut donc dire que planter un arbre n’est pas une solution à long terme et unique pour la lutte contre le réchauffement climatique. [6] Cela reste tout de même une solution qui va faire diminuer la quantité de CO2 présente dans l’air puisqu’un arbre bien entretenu peut vivre plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines d’années ; son développement en forêt, dans un écosystème équilibré et diversifié, contribuera de plus à atténuer le carbone qu’il est susceptible de relarguer, car une partie sera recyclée au sein de l’écosystème, d’où l’importance du choix des implantations des arbres plantés aujourd’hui ; l’utilisation qui sera faite du bois compte aussi, une valorisation en menuiserie conservera le carbone stocké à l’inverse d’un débouché en bois de chauffage. Autrement dit, la gestion globale des forêts plantées pour atténuer le réchauffement climatique est d’importance. De plus, le nombre d’arbres plantés par Ecosia est en constante évolution, donc même si des arbres meurent, d’autres sont plantés ce qui fait globalement baisser le taux de CO2 dans l’atmosphère.
Conclusion : Ecosia est-il vraiment mieux que Google ?
Ecosia œuvre partout dans le monde avec une grande liste de projets humanitaires et environnementaux que nous ne pouvons que saluer. Mais du point de vue de l’émission de CO2 il est difficile de dire qu’Ecosia fait mieux que Google, tout comme il est aussi compliqué de dire que Google fait mieux qu’Ecosia. De plus, il faut noter qu’Ecosia s’engage aussi à respecter la vie privée de ses utilisateurs, [10] contrairement à Google qui ne se cache pas de faire le plein de données issues de ses utilisateurs pour pouvoir leur proposer de la publicité ciblée. [11] Enfin, un dernier point est à préciser, c’est qu’Ecosia est totalement transparent sur ses rapports financiers et la mise en œuvre de ses projets, contrairement à beaucoup d’autres entreprises pour lesquelles il est très compliqué d’accéder à de telles informations. [12]
Et finalement, pour moins polluer, le mieux n’est-il pas de moins consommer ? Car l’énergie la moins polluante est bien celle que l’on n’utilise pas. Et pour cela la meilleure solution serait d’arrêter de surutiliser Ecosia, Google et tout autre moteur de recherche, et plus généralement d’arrêter de surutiliser internet à tous les niveaux (réseau sociaux, mails, sites de streaming…), car c’est aujourd’hui l’un des premiers acteurs du réchauffement climatique, qui continuera d’augmenter si l’on ne change pas drastiquement nos modes de consommation, incluant internet.
Gaël Fontaine
Source :
[1] https://ecosia.zendesk.com/hc/fr/articles/201657341-Comment-le-compteur-personnel-fonctionne-t-il- [2] https://youtu.be/6t0dKdy-I9Y?t=415 [3] https://fr.blog.ecosia.org/tag/projets/ [4] https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/google-achete-plus-energie-renouvelable-qu-en-consomme-n73123.html [5] https://www.zdnet.fr/actualites/microsoft-promet-des-data-center-fonctionnant-a-60-a-l-energie-renouvelable-d-ici-a-2020-39883543.htm [6] https://contradico.com/ecosia-plus-ecolo-google [7] https://blog.ecosia.org/co2-neutral-seach-engine-ecosia-solar-plant/ [8] https://www.liberation.fr/planete/2018/07/13/google-utilise-t-il-reellement-100-d-energie-verte-pour-alimenter-ses-services_1664177 [9] https://fr.blog.ecosia.org/pourquoi-un-bilan-carbone-neutre-ne-suffit-pas-ecosia-a-installe-ses-propres-panneaux-solaires/ [10] https://info.ecosia.org/privacy [11] https://www.numerama.com/tech/270293-pourquoi-google-ne-va-pas-arreter-la-publicite-ciblee-et-le-scan-de-vos-mails-sur-gmail.html [12] https://fr.blog.ecosia.org/rapports-financiers-recus-de-plantations-arbres/
It’s an remarkable paragraph in support of all the online people;
they will get benefit from it I am sure.