Voyage à Boulal 2020 : Carnet de bord – Jour 2

Retrouvez le récit des membres du projet Sénégal qui se sont rendu sur place au début de l’année pour concrétiser le projet :

« La fatigue prolonge notre nuit jusqu’à 9h passé… Le programme initial qui consistait à visiter l’école et la mairie dans la matinée est donc abrégé : l’école sera pour demain ; aujourd’hui, ce sera la mairie. Le temps que le petit déjeuner soit prêt, nous mettons le four solaire en place afin de procéder à un premier test pendant notre visite à la mairie. Nous avalons ensuite les œufs qui nous ont été préparés, buvons notre café, réglons les panneaux du four – intriguant les observateurs au passage – puis nous mettons en route.

Sur le chemin, nous traversons le marché, qui nous permet de confirmer notre première impression : nous attisons la curiosité. Encore des serrages de main, des « Salam ! », des « Comment ça va ? », etc, puis nous voilà dans le bureau du maire, enfin de l’adjoint en réalité mais nous l’apprendrons plus tard.  Quelques hommes rentrent, le petit bureau se remplit vite, l’un d’entre nous finit par se lancer. Il expose donc le pourquoi nous sommes ici, évoque la boulangerie ou bien la ferme de M.Ba, le lien avec notre formation et les éventuelles autres idées qui pourraient venir. S’en suit un long débat, dense et riche d’idées, en un mélange de français et de ce qui semble être du Peul – dialecte local. Les problématiques sont multiples et touchent des secteurs bien plus variés que nous l’imaginions : santé, éducation, environnement, tout y passe. Il leur faut acheminer l’eau et l’électricité vers tous les petits villages de la zone, repenser l’agriculture, trouver une solution pour stocker le lait, construire de nouvelles classes dans les écoles, agrandir le poste de santé… Enfin bref, il y a de quoi faire, et l’administration a l’air de vouloir faire bouger les lignes, espérons que l’envie soit profonde, et pas seulement une façade pour nous impressionner. Nous ressortons donc de la mairie avec un peu de baume au cœur : les besoins sont réels, le projet n’est pas mort, il est simplement en mutation.

Nous passons ensuite au marché pour acheter une clé 3G. Toujours la même convergence d’attention sur nous, particulièrement de la part des enfants car nous sommes pour la plupart les premiers blancs qui croisent leur chemin. Nous apercevons dans les étales des miches de pain qui nous semblent bien meilleures que le pain industriel que nous avons l’habitude de manger depuis notre arrivée. Nous en achetons un pour le goûter : il est en effet délicieux et moins cher que le pain industriel. Il provient de Dahra, à vingt kilomètres, et semble être fait à la farine de blé – importée selon les dires des conseillers du maire – et ne semble à priori, bien que amplement meilleur, pas préféré à l’autre, pourtant dur comme une branche, hormis pour des aspects financiers (100CFA artisanal/ 150CFA industriel). Notre potentielle boulangerie se doit donc de proposer un pain à moins de 100CFA par miche en intégrant les coûts d’électricité : 90,82CFA/kWh pour la première tranche correspondant aux particuliers et probablement trois ou quatre fois plus pour la troisième tranche, correspondant aux entreprises et donc à une boulangerie.

Nous rentrons donc à la maison pour prendre notre repas de 15h – agneau et mill, céréale locale – et nous reposer un peu car le soleil commence à taper sévèrement sur nos crânes chétifs. Nous passons le début de l’après-midi à regarder le temps passer depuis la terrasse, discuter avec les gens dans la cours, notamment Omar Ka, le frère de Cheikh. Celui-ci tient un discours très intéressant sur la solidarité internationale de la génération émergente rendue possible par les réseaux. « Le monde est un grand village, vous et nous l’avons compris. Merci à vous de venir aider nos jeunes à s’ouvrir à des perspectives ici, plutôt que de rêver d’ailleurs. » Nous discutons ainsi un bon moment. C’est incroyable de partager autant de valeurs en ayant si peu de vécu commun, peut-être faut-il y voir un des bons côtés de cette mondialisation.

Le soleil se fait plus doux, nous prenons un thé – servi par le Monsieur Thé de la maison – puis nous allons visiter le centre de refroidissement de lait, de l’autre côté de la rue. Ici encore, un rebondissement dans le projet nous attend. L’installation de cuves frigorifiques datant de 1993, complétée par la pose de panneaux solaires par le ministère de l’élevage en 2014, a beau sembler d’une qualité certaine, elle est complètement à l’arrêt depuis deux ans (2017). Il y a bien un organe sénégalais d’une mission des nations unies – PRAPS – qui semble s’intéresser à la relance du centre, mais comme partout, ils n’ont pas de montres, mais ils ont le temps… C’est bien dommage parce qu’en attendant les panneaux prennent le soleil, les pompes à chaleur gisent dans la brousse, tout comme les réfrigérateurs, complètement désossés… Nous jetons un coup d’œil rapide, mais nous allons devoir revenir, le potentiel est énorme et ce serait dommage de laisser un tel investissement dépérir. 

Le reste de la soirée se passera autour de délicieuses dorades accompagnées de patates et crudités. Nous éteignons ensuite les lumières, nous allongeons pour observer le ciel parsemé d’étoiles aux côtés de Cheikh et Awa, échangeant sur nos différences culturelles ; ce genre de moments magiques qui font l’essence des voyages.»


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